Traitement de la maladie de Lyme en Médecine Chinoise

Maladie de Lyme

La maladie de Lyme, également appelée borréliose de Lyme1, est une maladie infectieuse qui touche l’être humain et de nombreux animaux.
Elle est transmise par morsure de tiques, les plus répandues en Europe étant Ixodes ricinus, un acarien de la famille des Ixodeae2.
C’est une maladie bactérienne due à une borrélie3, bactérie classée dans le groupe des spirochètes en raison de son aspect serpentiforme et spiralé.

Agent pathogène

La borrélie la plus connue est Borrelia burgdorferi (pour avoir été identifiée comme première responsable de la maladie de Lyme aux États-Unis). Les borrélies disposent de divers moyens, encore mal compris, d’échapper au système immunitaire de leur hôte. Elles peuvent aussi dans certaines conditions résister aux traitements antibiotiques et se développer après une phase d’apparente guérison.
Dans un milieu qui leur convient, elles sont beaucoup plus mobiles et rapides que les globules blancs.
Dans des conditions de stress non létal, les spirochètes peuvent se protéger en s’agrégeant dans des granules coccoïdoforme. Ces kystes semblent être entourés d’une membrane qui n’est pas reconnue comme étrangère par le système immunitaire, et qui n’est donc pas attaquée par les globules blancs.
Lorsque les conditions sont plus favorables, une partie des kystes s’ouvrent en libérant des borrélies viables, ce qui suggère qu’il s’agit bien d’une phase de dormance. C’est ce qui pourrait expliquer la réapparition de symptômes après une période d’apparente guérison. Les borrélies responsables de la maladie de Lyme semblent ainsi pouvoir se protéger durant des années voire des dizaines d’années.
Ces facteurs pourraient, au moins en partie, expliquer des réinfections fréquemment rencontrées avec les spirochètes, et le caractère souvent récurrent des symptômes entrecoupés de phase de dormance apparente du microbe, et l’inefficacité de certaines thérapies dans le cas de borréliose.

L’existence et la signification de formes non guéries par le traitement standard, ou l’attribution de pathologies chroniques à la maladie de Lyme, posent le problème de la « maladie chronique de Lyme », une controverse sociétale dite « Lyme War » aux États-Unis ou « Scandale de Lyme » en France, cette forme supposée chronique n’étant pas validée par les recherches scientifiques actuelles4.

Maladie

Après inoculation, il y a peu de réaction inflammatoire immédiate. Les borrélies sont capables de modifier leurs antigènes de surface (Outer surface proteins ou Osp), et d’échapper aux premières défenses immunitaires. En l’absence de traitement, elles diffusent localement dans la peau à partir du site d’inoculation (érythème migrant).
Puis elles diffusent par voie sanguine vers les tissus articulaires, neurologiques et cardiaques. Chez le sujet immunocompétent, après plusieurs semaines ou mois, les réponses anticorps finissent par contrôler l’infection disséminée, même en l’absence de traitement, et les symptômes s’estompent.
Chez l’homme, le système immunitaire est activé en permanence jusqu’à ce que la bactérie soit éliminée, celle-ci pouvant persister longtemps dans des sites localisés. En l’absence de traitement, la bactérie a pu être mise en évidence plusieurs années après l’inoculation, notamment dans les lésions cutanées tardives (acrodermatite chronique atrophiante ou ACA). Après une infection, il n’y a pas d’immunité protectrice mise en place, même si des anticorps restent présents.

Classiquement, la maladie évolue en trois phases, non obligatoires. Chaque phase peut être révélatrice ou s’intriquer avec une autre, avec des poussées ou des rémissions à chaque phase. Outre les variations selon les zones géographiques (Amérique et Eurasie), la maladie est aussi variable selon les patients (certains ne présentent que la phase primaire, d’autres la phase tertiaire).

La phase primaire, ou précoce localisée, qui survient 3 à 30 jours après l’inoculation, est une phase cutanée, représentée par l’érythème migrant. Dans 20 à 30 % des cas, elle est absente ou passe inaperçue.

La phase secondaire, ou précoce disséminée, se manifeste dans les semaines ou mois après inoculation. Elle peut être révélatrice (apparaître en premier). Selon les cas (germe causal en rapport avec la zone géographique), les troubles peuvent être neurologiques, articulaires, cardiaques, ou cutanés.

Ces deux premières phases sont parfois regroupées en une seule phase dite précoce, surtout en Europe, car les troubles sont divers (plus grande variété de borrélies). La maladie de Lyme se présente comme un ensemble polymorphe (maladies apparemment différentes). Alors qu’en Amérique du Nord, la maladie de Lyme se présente plutôt sous une forme articulaire, unique ou prédominante.

La phase tertiaire se produit des mois ou des années après inoculation. Elle signe une infection persistante ou résurgente, elle peut être aussi révélatrice. Il s’agit de formes chroniques : cutanées, articulaires ou neurologiques. Du point de vue clinique, elles ne sont guère spécifiques (elles peuvent aussi se rencontrer en dehors de la maladie de Lyme), à l’exception de l’acrodermatite chronique atrophiante.
La « neuroborréliose tardive » regroupe plusieurs entités, dont l’encéphalite (atteinte cérébrale) et les polyneuropathies (atteinte des nerfs). L’encéphalite ou encéphalomyélite, chronique ou tardive, se manifeste par des troubles variés : troubles cognitifs, difficultés de concentration parfois associés un état de fatigue, douleurs, faiblesse musculaire, troubles moteurs… Le lien avec une maladie de Lyme est reconnu lorsqu’on retrouve une synthèse d’anticorps spécifiques dans le liquide cérébro-spinal. Une polyneuropathie se manifeste d’abord avec des pics de douleurs, parfois accompagnés d’engourdissements et picotements dans les mains ou les pieds. Elle est classiquement associée à l’acrodermatite atrophiante. Il peut s’agir aussi de douleurs radiculaires chroniques isolées se manifestant comme une sciatique.

Ces formes tardives sont reconnues lorsqu’elles forment des ensembles typiques et cohérents d’un point de vue clinique et biologique. Elles sont discutées ou controversées quand la clinique n’est pas caractéristique et la biologie non validée.

Traitements

Les infections traitées en phase primaire sont guéries par les antibiotiques. Dans près de 90 % des cas, elles sont traitées efficacement par une antibiothérapie de 2 à 4 semaines.
Si la phase primaire passe inaperçue, ou insuffisamment traitée, la maladie continue d’évoluer.
Environ 10 % des patients traités, et peut être plus chez ceux ayant une neuroborréliose, continuent d’avoir des troubles subjectifs (fatigue, douleurs musculaires, troubles cognitifs…). Ces troubles persistent plus de 6 mois après antibiothérapie préconisée, et jusqu’à plus de 10 ans, au moins de façon intermittente.
Même si la plupart des patients s’améliorent au fil des mois, cet état affecte durablement la qualité de vie.
C’est le « syndrome post-borréliose de Lyme », ou PLDS Post-Lyme Disease Syndrom.
Dans cette situation, les études contrôlées ne montrent pas de différence entre une antibiothérapie prolongée et un placebo.

Maladies parasitaires chroniques et Médecine chinoise

Dans un article publié en 1998 dans le Journal of Chinese Medicine, le Dr Heiner Fruehauf expose que le concept ancien de Syndrome Gǔ (gǔ zhēng) est une approche clinique valide pour le traitement de maladies inflammatoires ou parasitaires chroniques, telle que la maladie de Lyme5.

Historiquement, le Gǔ était une pratique où un chamane administrait un poison à une personne, qui lui faisait oublier qui elle était. Le Shǐjì (史記 Mémoires Historiques) rédigé par l’historien Sīmǎ Qiān, rapporte qu’en 91 AEC un incident Gǔ a causé la mort de plus de dix mille personnes. Les victimes auraient été tuées par des poupées de bois ensorcelées, enterrées près de l’endroit où ils vivaient. Dès lors, le terme Gǔ désigne une situation où l’attaquant est dans l’obscurité et la victime ne sait pas ce qui lui arrive.
Bien que le terme soit mentionné dans tous les ouvrages médicaux classiques anciens, en commençant par le Huángdì Nèijīng (黄帝内经 Classique Interne de l’Empereur Jaune), celui-ci a disparu des ouvrages cliniques modernes car le Syndrome a été jugé comme une croyance « féodaliste et superstitieuse » de l’ancien temps, considérant que la croyance des démons et les pratiques exorcistes n’avaient plus leur place dans la pratique clinique moderne.

GuLe terme est l’un des plus anciens caractères chinois puisqu’on le retrouve inscrit sur des os oraculaires.
Le caractère 蠱 est composé du radical 虫 chóng « serpent », qui répété trois fois 蟲 prend la signification de « ver, insectes », et du radical 皿 mǐn « plat, vaisselle ».
Cela représente un plat dans le contenu duquel croissent des vers. C’est la représentation de ce qui est corrompu.
Durant des siècles, les femmes de la tribu Miao étaient réputées pour leur maitrise de la fabrication du poison  : le cinquième jour du cinquième mois, elles enterraient dans un pot des animaux et des insectes venimeux (serpents, vers, scorpions…) qui se dévoraient entre eux, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Celui-ci était considéré comme le plus virulent. Il était alors utilisé sous forme de poudre ou d’extrait pour empoisonner quelqu’un.
(Joseph Needham note que la même technique a été employée pour isoler la bactérie capable d’attaquer le bacille de la tuberculose…).
Par la suite, les textes médicaux décrivent le syndrome comme une infestation de vers dans le corps. Cependant, il est fait la distinction entre le syndrome d’infestation de vers (chóng zhēng) et le syndrome (gǔ zhēng) où la toxicité est telle qu’elle finit par dévaster le corps et l’esprit de la personne. On peut dire que le syndrome correspond à une infestation particulièrement sévère de parasites et de co-infections qui peuvent atteindre l’état mental de la personne, d’où l’idée de « possession » par des fantômes invisibles.

L’hexagramme 18 du Yìjīng (Le Livre des Mutations) signifie « Le travail sur ce qui est corrompu ». L’hexagramme décrit la situation énergétique où un Vent faible se heurte à l’immobilité de la Montagne. Son mouvement se trouvant empêché, l’absence de mouvement et d’air entraine le pourrissement. Dans le cadre de cet hexagramme, la stagnation est telle que les manifestations de dégradation et de pourrissement (corruption) doivent entrainer une action forte et persévérante. Cependant, il est nécessaire d’avoir certains égards, une certaine délicatesse en portant remède. On ne doit pas se montrer trop cassant afin de ne pas blesser par de la brusquerie.

Syndrome Gu

Les caractéristiques cliniques du Syndrome sont décrites ainsi dans la littérature traditionnelle6 :
– il est malveillant et peut avoir des conséquences mortelles
– il entre dans l’organisme à travers la nourriture
– il est considéré comme un type de toxine (gǔ dú). Ceci fait référence aux maladies épidémiques, mais également parce que les textes classiques notent que « peut se transformer lui-même en une toxine nocive ».
– il se développe principalement dans les organismes déficients et une fois établi, il blesse encore plus la source du Qi de l’organisme.
– il agit dans l’ombre : il est souvent difficile de déterminer où et quand l’agent pathogène a été contacté, ce qui rend le diagnostic extrêmement difficile.
– les symptômes typiques que l’on peut trouver dans la littérature se réfèrent à un tableau d’infection parasitaire par des protozoaires.
– la présence de symptômes mentaux (souvent combinés avec des problèmes digestifs) est l’élément déterminant.
– une personne atteinte peut vivre toute sa vie avec cette infection sans forcément mourir.

Le Bèijí Qiānjīn Yàofāng (备急千金要方 Prescriptions Essentielles Valant Mille pièces d’Or) écrit en 652 par Sūn Sīmiǎo cite : « il existe plus de mille toxines Gǔ, chacune d’entre elles pouvant potentiellement causer différents symptômes. Certaines peuvent causer du sang dans les selles, pendant que d’autres entraînent le désir de s’allonger dans le noir ; d’autres peuvent provoquer des sautes d’humeur, telles que des phases de dépression alternant avec des périodes soudaines de joie ; d’autres encore causent des sensations de lourdeur et de douleurs des membres ; et encore une myriade d’autres symptômes que nous n’avons pas la place de lister entièrement ».

Les principaux symptômes les plus souvent cités dans les textes classiques sont :

Symptômes digestifs
Diarrhée chronique, selles molles ou alternance de diarrhée et de constipation, selles explosives, ballonnements abdominaux ou ascite, crampes abdominales et/ou douleurs, nausées, sang et/ou pus dans les selles, appétit diminué ou vorace, fringales particulières.

Symptômes neuromusculaires
Courbatures, lourdeur musculaire, faiblesse musculaire ; douleurs erratiques ; sensations de chaleur physique ; transpirations nocturnes froides ; lourdeur et douleur des extrémités ; aversion de la lumière vive, désir de rester allongé dans l’obscurité.

Symptômes mentaux
Dépression, pensées suicidaires fréquentes ; accès de colère, crise de rage ; changement d’humeur brusque ; agitation interne, insomnie ; sensation générale de confusion, schémas de pensée chaotique ; hallucinations visuelles et/ou auditives ; crise d’épilepsie ; sensation d’être « possédé ».

Signes constitutionnels
État d’épuisement mental et physique progressif, indications d’épuisement du Yuan Qi ; cernes sombres sous les yeux ; symptômes mystérieux qui échappent à un diagnostic clair ; historique d’infection aigue à protozoaires, voyages en régions tropicales ;
Langue : pointe rouge ou « taches parasite » rouges avec stagnation dans les veines sublinguales (les « taches parasites » chóng bān 蟲斑 sont des petits points rouges se regroupant généralement sur le premier tiers de la langue, brillants sous un enduit gras, et qui s’étendent parfois jusqu’au centre. On dit souvent qu’ils sont indicateurs de la présence de vers ou autres parasites, particulièrement observé chez les enfants. Ils sont le signe de Chaleur localisée parmi de l’Humidité, un tableau énergétique, différent de la Chaleur-Humidité, typique de la plupart des infections parasitaires).
Enduit : gras et enraciné
Pouls : Superficiel (浮 ) et Grand (大 ), ou Rugueux (涩 )

La particularité du Syndrome est qu’il est particulièrement difficile à traiter et qu’il ne répond pas à l’approche classique biànzhèng lùn zhì (traitement adapté au diagnostic différentiel), ni au liùjīng biànzhèng (diagnostic différentiel selon les Six Niveaux).
La plupart des ouvrages classiques consacrent un chapitre particulier pour le Syndrome . Les médecins ont toujours mis l’accent sur le fait que les symptômes induits par le (tels que diarrhées chroniques, ascites, syndrome de dépérissement (cachexie), symptômes mentaux, etc..), doivent être diagnostiqués et traités de manière totalement différente du contexte ordinaire de ces déséquilibres.
Dans le Pǔjì Fāng (普濟方 Prescriptions pour le Soulagement Universel) écrit en 1406 par le Prince Zhū Sù 朱橚, il est dit : « Le médecin vulgaire traite la diarrhée de type comme une diarrhée ordinaire, et c’est complètement faux ». Lorsqu’un patient présente des symptômes qui s’apparentent à une déficience de Qi de la Rate, les méthodes ordinaires pour traiter fatigue, ballonnements, problèmes digestifs, ne fonctionnent pas et peuvent même empirer les symptômes.
L’un des paramètres qui peut permettre de diagnostiquer un Syndrome , est que l’utilisation de renshen (panax ginseng), aggrave les symptômes, et donc est une contre-indication. Il apparait que les toniques du Qi, tels que renshen ou dangshen (radix codonopsis) renforcent non seulement le système immunitaire mais tonifient aussi l’agent pathogène.

Le Dr Heiner Fruehauf identifie deux types de syndrome  : le Gu Cerveau et le Gu Digestif.
Le Gu Digestif est caractérisé par une inflammation limitée au système digestif. A travers la relation étroite entre les intestins et le cerveau par l’intermédiaire des neurotransmetteurs, cet état inflammatoire peut influencer fortement sur l’humeur, mais le retentissement sur le système nerveux va rester secondaire.
Dans le Gu Cerveau, dont la maladie de Lyme est la manifestation typique, le système nerveux est la principale cible de l’infection. Il existe également des symptômes digestifs, mais ceux-ci restent secondaires par rapport aux troubles nerveux. Les patients atteints de Gu Cerveau sont dans un état cognitif et émotionnel extrêmement fragile, pouvant aller jusqu’à des épisodes psychotiques d’hallucinations ou de comportement chaotique. Le tableau qui se rapproche le plus du Gu Cerveau et celui de la malaria. Le terme Nüè 虐 malaria, est souvent cité dans les textes classiques à côté du syndrome Gǔ. Il signifie littéralement « maladie de la torture ».
La maladie de Lyme est à la fois Gǔ et Nüè, c’est-à-dire une infection parasitaire sévère qui épuise et vide progressivement son hôte () et créé un état de souffrance physique, mental et émotionnel (Nüè).

Ce qui caractérise et Nüè, du point de vue de la Médecine Chinoise, est l’implication du Vent (fēng 風) et de l’Humidité (shī 湿), ainsi que d’un agent pathogène caché qui va rester longtemps (fú xié 伏邪) et s’enfoncer au plus profond de l’organisme jusqu’à atteindre la couche shaoyin, et affecter le Rein et le Cœur.
On peut noter que le caractère fēng 風 (Vent) contient le caractère chóng 虫 (parasite) et que l’hexagramme ䷑ est composé du trigramme « Vent » sous la « Montagne ».

Traitement

C’est dans l’ouvrage Zhìgǔ Xīnfāng (治蛊新方 Nouvelles Formules pour le Traitement de ) écrit par Lù Shùndé en 1823 que l’on trouve une approche rationnelle et efficace pour le traitement du Syndrome avec six principes de traitement.

  1. Disperser la toxine Gu, avec des plantes diaphorétiques (qui augmentent la transpiration) (sàn dú 散毒)

C’est la catégorie la plus importante du traitement du Syndrome . Les plantes telles que Zi Su Ye, Bai Zhi ou Bo He induisent la transpiration et chassent le Vent pervers, mais de manière plus douce que Ma Huang ou Gui Zhi, et leur propriété aromatique puissante va permettre de pénétrer les profondeurs de l’organisme.

Zi Su Ye (Folium Perillae Frutescentis)
Bo He (Herba Menthae)
Bai Zhi (Radix Angelicae)
Lian Qiao (Fructus Forsythiae Suspensae)
Gao Ben (Rhizoma et Radix Ligustici Sinensis)
Sheng Ma (Rhizoma Cimicifugae)
Ju Hua (Flos Chrysanthemi Morifolii)

  1. Tuer les parasites (shā chóng 殺蟲) et chasser les démons (qū guǐ 驅鬼)

L’ail cru, Da Suan, et en particulier l’ail violet du Sichuan, est souvent recommandé comme remède simple et efficace du syndrome . Dans la tradition populaire occidentale, l’ail est réputé pour ses propriétés antihelmintiques7 (vermifuge) et était également réputé contre « les possessions démoniaques »8.
En usage externe, on l’utilise pour effectuer des moxas sur tranches d’ail sur les « 13  Points du Démon »  (shísān guǐxué 十三鬼穴).

Da Suan (Bulbus Alli Sativi)
Yu Jin (Tuber Curcumae)
Ku Shen (Radix Sophorae Flavescentis)
Huai Hua (Flos Sophorae Japonicae Immaturus)
She Chuang Zi (Fructus Cnidii Monnieri)
Jin Yin Hua (Flos Lonicerae Japonicae)
Qing Hao (Herba Artemisiae Apiaceae)
Shi Chang Pu (Rhizoma Acori Graminei)
Ding Xiang (Flos Caryophylli)
He Zi (Fructus Terminaliae Chebulae)
Lei Wan (Sclerotium Omphaliae Lapidescens)
Bing Lang (Semen Arecae Catechu)
Ku Gua (Momordica Charantia)
Chuan Shan Jia (Squama Manitis Pentadactylae).

  1. Calmer l’Esprit (en nourrissant le Yin et en tonifiant le Qi du Poumon et du Coeur) (ān shén 安神)

Les plantes les plus représentatives de cette catégorie sont Huang Jing et Bai He, considérées par les taoïstes en quête d’immortalité comme Huá Tuó, comme l’Essence de la Terre, ayant à la fois des propriétés tonique et calmante pour favoriser la méditation, et antiparasitaires. Bai He est le remède principal de la maladie qui porte son nom, Maladie du Bulbe de Lys (bǎihé bìng 百合病), qui recouvre un ensemble de désordres psychologiques et émotionnels, un malaise général avec difficulté à parler, manger, s’allonger, marcher, comme si la personne était « possédée par un esprit malveillant »9.

Huang Jing (Rhizome Polygonati)
Bai He (Bulbus Lilii)
Bei Sha Shen (Radix Glehniae Littoralis)
Xuan Shen (Radix Scrophulariae Ningpoensis)
Sheng Di Huang (Radix Rehmanniae Glutinosae)
Xi Yang Shen (Radix Panacis Quinquefolii)
Fu Shen (Poriae Cocos Pararadicis Sclerotium)
Jiang Xiang (Lignum Dalbergiae Odoriferae).

  1. Tonifier le Qi et le Sang (avec des substances piquantes/détoxifiantes) (bǔ qì xuè 補氣血)

Les deux plantes majeures sont Dang Gui avec ses propriétés piquantes et Gan Cao avec ses propriétés détoxifiantes. En cas de diarrhées on évitera He Shou Wu. Wu Jia Pi est intéressante en cas de douleur généralisée.

Dang Gui (Radix Angelicae Sinensis)
Bai Shao (Radix Paeoniae Lactiflorae)
He Shou Wu (Radix Polygoni Multiflori)
Gan Cao (Radix Glycyrrhizae Uralensis)
Huang Qi (Radix Astragali)
Wu Jia Pi (Cortex Acanthopanacis Radicis)

  1. Mobiliser le Qi et disperser les Stases de Sang (avec des plantes anti-parasitaires) (xíng qì pò xiě 行氣破血)

En plus de leurs propriétés antiparasitaires, ces plantes vont permettre de disperser les masses et semblent pouvoir attaquer le bio-film qui entoure les parasites, qui leur permet d’échapper au système immunitaire et de résister aux traitements.

Chuan Xiong (Radix Ligustici Wallichii)
Chai Hu (Radix Bupleuri)
E Zhu (Rhizoma Curcumae Zedoariae)
San Leng (Rhizoma Sparganii)
Chen Pi (Pericarpium Citri Reticulatae)
Mu Xiang (Radix Saussureae seu Vladimirae)
Ze Lan (Herba Lycopi Lucidi)
San Qi (Radix Notoginseng)

  1. Tiédir le Yang (wēn shèn yáng 温肾阳)

Les stagnations sévères doivent être « bousculées » de manière forte, avec des substances qui présentent une certaine toxicité, mais qui permettent également de soutenir le Yang véritable afin que l’organisme lui-même puisse mobiliser son énergie pour se défendre.

Xiong Huang (Realgar)
Liu Huang (Sulphur)
Zhi Fu Zi (Rx. Aconiti Carmichaeli Preparata)
Zhi Chuan Wu (Radix Aconiti Preparata)
Zhi Cao Wu (Radix Aconiti Kusnezoffii Preparata)
Ba Dou (Semen Crotonis)
Wu Gong (Scolopendra)

Cette combinaison de six catégories permet une utilisation adaptée au traitement à long terme, et cliniquement efficace sur le Syndrome .

Lors de la réalisation d’une formule individualisée, on utilise entre 12 et 15 remèdes, avec une moyenne de 1-3 remèdes par catégorie.
Il est important de pouvoir changer régulièrement la formule, environ toute les six semaines, afin d’éviter l’adaptation des parasites au traitement et éviter les éventuelles réponses allergiques de l’organisme.
Ces changements, en gardant la structure des six catégories, permettent des variations et des adaptations tout en gardant les mêmes principes de traitements.
Cette procédure peut inclure des changements mineurs, tels que remplacer Gui Zhi par Rou Gui, ou Fu Zi par Chuan Wu ; des changements plus importants comme changer un remède de chacune des catégories ; ou des changements majeurs, comme changer complètement de formule.

Les dosages recommandés varient entre 60 et 90 g de plantes sèches, soit 12 à 18 g de poudre concentrée.
Pour les personnes très sensibles, il est possible de commencer avec un dosage plus faible de 2 à 6 g par jour, puis d’augmenter progressivement.

En général, les bénéfices commencent à se faire sentir au bout de 6 à 12 semaines, sachant que le traitement est de longue durée, pouvant aller de 6 mois, si la personne est jeune ou que l’infection est récente, à 5 ans et plus, si l’infection s’est installée depuis plusieurs décennies et que la personne est particulièrement faible.
De plus la progression n’est pas linéaire mais ressemble plutôt à deux pas en avant et un pas en arrière, avec des phases de plateau.

Maitre Ranxi, spécialiste du Syndrome de la Dynastie Qing disait :
« Lorsque la toxine est entrée au centre de la personne, on peut la comparer à l’huile qui s’infiltre dans la farine ; elle est partout et peut être difficilement séparée ».

Recommandations diététiques

Durant le traitement (mais également après), éviter :
Poulet, canard, poissons, crevettes, escargots, gecko, serpents, tous type d’insectes.
Egalement tous les aliments qui peuvent « nourrir les parasites » : tous les sucres et produit sucrés, miel, jujubes.

Augmenter la consommation de :
Tofu, céleri, choux, épinard, racine de lotus, shiso (feuille de perilla), menthe poivrée, ail, raifort, gingembre, melon amer (momordique), champignon noir (Oreille de Judas), litchi, longane, orange, mandarine, pamplemousse, prune, grenade, pastèque, vinaigre, thé vert, agneau et porc.
Cependant, si l’un de ces aliments aggrave la situation, il faudra alors l’éviter.

Acupuncture

Source : Qugu Ranxi Lu (Traité de Maitre Ranxi pour chasser le Gu), 1893

  • Appliquer un moxa à l’ail vigoureux sur V-43 gāohuāngshù
  • Moxa sur V-13, E-36 et Guikuxie (point de lamentation du démon) (La description de la localisation de ce point n’est pas exacte. Il semblerait qu’il soit localisé au milieu de la première phalange du pouce, à côté de P-11. Un des commentaires dit : « lorsqu’on applique la moxibustion, le démon va venir gémir, révélant son nom ».)
  • Il est recommandé de faire fréquemment de l’acupressure avec une préparation à base de menthol, particulièrement sur les Treize Points du Démon (十三鬼穴shísān guǐxué), ou de puncturer de manière sélective ces points :

Treize Points du Démon (points gui) :

DM-26 (鬼宮 guǐ gōng Palais du Démon)
P-11 (鬼信 guǐ xìn Lettre du Démon)
Rte-1 (鬼壘 guǐ lěi Rempart du Démon)
MC-7 (鬼心 guǐ xīn Coeur du Démon)
VB-62 (鬼路 guǐ lù Chemin du Démon)
DM-16 (鬼枕 guǐ zhěn Oreiller du Démon)
E-6 (鬼床 guǐ chuáng Lit du Démon)
RM-24 (鬼市 guǐ shì Marché du Démon)
MC-8 (鬼窟 guǐ kū Grotte du Démon)
DM-23 (鬼堂 guǐ táng Palais du Démon) Shangxing
RM-1 chez les hommes /Yumen (tête du clitoris) chez les femmes (鬼藏 guǐ cáng Cache du Démon)
GI-11 (鬼臣 guǐ chén Vassal du Démon)
Haiquan (sous la langue) (鬼封 guǐ fēng Sceau du Démon)

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_de_Lyme 
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiques
  3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Borrelia
  4. https://www.lymedisease.org/lyme-wars-nbc-ny/
  5. “Driving Out Demons and Snakes: Gu Syndrome, A Forgotten Clinical Approach to Chronic Parasitism” by Heiner Fruehauf, in The Journal of Chinese Medicine, May 1998.
  6. https://en.wikipedia.org/wiki/Gu_(poison)
  7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthelminthique
  8. « L’utilisation de l’ail pour repousser revenants et vampires de l’Égypte antique à l’Europe de l’Est », Amandine Marshall, docteur en égyptologie, Archéologia, no559, novembre 2017, p. 48 à 53.
  9. Jīn Kuì Yào Lüè (金匮要略) Prescriptions Essentielles du Cabinet d’Or), Zhang Zhongjing, Beijing 2013.
  10. Qugu Ranxi Lu (Traité de Maitre Ranxi pour chasser le Gu), 1893 



Publié par

PHAM Van Huyen

Diététicien Nutritionniste, diététique et pharmacopée traditionnelles chinoises

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